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21/03/2011

Mejores son dos que uno

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"Ce qui se donne pour désirable est masqué" (G.B.)

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"Soudain sérieuse et consciente de ses responsabilités, elle s'emplâtrait le visage et le cou avec une boue grise, dite masque de beauté, restait pétrifiée, en service d'amour, sans parler ni chanter, afin de ne pas craqueler la fange séchée, parfois se faisant les ongles, mais sans vernis, jugé vulgaire et catholique. Ensuite, c'était le shampooing. Ce soir, ce soir, murmurait-elle sous la mousse, les mains en action, les yeux fermés."

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"Je reste encore un peu dans le bain, mais pas plus de cinq minutes, tu entends, oui, d'accord, cinq minutes, je m'y engage, et après vite s'habiller, il se rase sûrement en ce moment, ça va, ça suffit, tu es assez beau comme ça, fais attention de ne pas te couper, dépêche-toi, viens vite, allez hop, viens dans le bain, il y a de la place, s'il n'y en a pas assez on s'arrangera tout de même, je connais un truc."

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"Tout à coup, à propos de rien, fourrageant dans un tiroir, elle disait: alors, ça va, mon vieux? S'apercevant qu'elle venait de s'adresser à lui, elle se cachait la bouche sacrilège, scandalisée, mais assez fière de cet exploit."

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"Un reste de cigarette fumée par lui hier soir, elle l'allumait, et c'était délicieux de tirer des bouffées de ce mégot sacré. Ou encore elle voulait voir la tête qu'elle avait faite lorsqu'elle lui avait baisé la main hier soir, voir si elle lui avait plu. Devant la glace, elle posait ses lèvres sur sa main tout en se penchant, ce qui lui rendait difficile de se voir, mais elle y parvenait à grand renfort d'yeux blancs. Ou encore, toujours devant la glace, elle redisait des phrases qu'elle avait dites la veille. Garde-moi, garde-moi toujours, disait-elle, et ces mots l'émouvaient. Ou encore elle écartait son peignoir, regardait ses seins dans la glace, ses seins qu'il baiserait ce soir. Félicitations, disait-elle à ses seins. Vous êtes ma gloire et mon soutien, leur disait-elle. Il en a de la chance, tout de même, le type, concluait-elle. Ou encore elle laissait tomber le peignoir, désireuse de sa nudité en face d'elle. Vraiment bien, cette personne, disait-elle. Vous rendez-vous compte de votre privilège, mon brave? lui demandait-elle en se pinçant le nez, ce qui lui donnait la voix de sa tante. "

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"Oh, j'adore quand, quand il, oui, me les baise longtemps, longtemps, moi fondue, eh bien vous autres, les autres, on ne vous en fait pas autant? et si on ne vous en fait pas autant tant pis pour vous, bisquez et ragez, moi j'adore ça, oui donc tandis qu'avec une robe qui ne se déboutonne que juste un peu dans le dos c'est gênant, il faut l'enlever, et même c'est moi qui dois l'enlever, ça fait genre chez le médecin, moi toute rouge de confusion, tandis qu'une blouse ou enfin un chemisier, je n'ai jamais su la différence, il déboutonne sans trop que je m'en aperçoive, c'est plus convenable, surtout s'il n'y a pas trop de lumière, mais tout de même si Tantlérie me, en somme je me vautre dans la féminité, tant pis, c'est comme ça."

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"Elle se défaisait de son peignoir, regardait tour à tour son homme nu et la femme nue de son homme. Ô Sol, sois ici, soupirait-elle, et elle éteignait, pensait à ce soir, dès qu'il arriverait, leurs bouches. Mais elle n'oubliait pas, ne voulait pas oublier que c'était lui qu'elle aimait avant tout, lui, son regard. Et ensuite il y aurait ce qu'il y aurait, l'homme et la femme, poids béni, ô lui, son homme. Lèvres ouvertes, lèvres humides, elle fermait les yeux, et ses genoux se rapprochaient."

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"Ensuite, c'était la grande importance de s'habiller, avec ses angoisses. Ne valait-il pas mieux mettre cette autre robe, l'austère plissée, ou plutôt non, la rouge, si seyante dans cet éclairage atténué? Mais soudain surgissait la certitude que ce soir elle ne se sentirait bien que dans le petit ensemble tussor. Eh oui, un vêtement aussi c'était un état d'âme, et d'ailleurs l'autre jour il avait aimé cet ensemble, et puis ainsi elle pourrait mettre une blouse, une blouse c'était plus commode si, et on n'avait qu'à, tandis qu'avec la robe plissée si montante et qui se boutonnait dans le dos, l'idiote, c'était toute une histoire si, tandis qu'avec une blouse c'était tout simple si, et bref, les blouses ça se déboutonnait devant."

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"Attentes sans nul ennui, car il y avait tant à faire pour lui, tant de préparatifs dès qu'elle ne serait plus sous la surveillance de la domestique, dite l'idiote, qui partait au début de l'après-midi, tous travaux terminés. Enfin seule et libre d'agir, l'amoureuse allait aussitôt inspecter le petit salon où elle le recevrait ce soir, ne le trouvait jamais assez bien nettoyé par l'idiote. En maillot de bain, elle se mettait alors à l'ouvrage, balayait, encaustiquait, passait la cireuse, frottait en ménagère échevelée, brossait les fauteuils et le sofa, cher sofa de ce soir, dépoussiérait inutilement toutes surfaces visibles, passait l'aspirateur sur le tapis d'Orient d'un rose éteint, arrangeait les fleurs, restait à les regarder, cachait Vogue, posait deux ou trois livres ennuyeux et de qualité sur le sofa, genre Heidegger ou Kierkegaard ou Kafka, mettait à tout hasard des bûches dans la cheminée, allumait une flambée pour s'assurer du tirage, combinait un éclairage atténué propice aux tendresses, changeait les fauteuils de place, allait à la cuisine, y repassait quelque robe déjà repassée par l'idiote mais qu'elle voulait mettre ce soir, allait et venait, parfois pensant aux lettres de son mari laissées sans réponse et secouant la tête en cavale importunée par un taon, parfois chantant avec expression de niaises rengaines entendues à la radio. Parlez-moi d'amour, redites-moi des choses tendres, chantait-elle en prenant exprès une voix de midinette. Oh, tant pis, tant pis, elle aimait ça. Je suis devenue crétine, mais c'est notre vocation, à nous autres, disait-elle."

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"Jeunes gens, vous aux crinières échevelées et aux dents, divertissez-vous sur la rive où toujours l'on s'aime."

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"Il y avait même deux chevaux ! Le second était pour toi idiote, et nous aurions chevauché à jamais l’un près de l’autre, jeunes et pleins de dents, j’en ai trente-deux, et impeccables, tu peux vérifier et les compter, ou même je t’aurais emportée en croupe, glorieusement vers le bonheur qui te manque ! Mais je n’ai plus envie maintenant, et ton nez est soudain trop grand, et de plus il luit comme un phare, et c’est tant mieux et je vais partir ! Mais d’abord Femelle, je te traiterai en femelle, et c’est bassement que je te séduirai, comme tu le mérites et comme tu le veux. A notre prochaine rencontre, et ce sera bientôt, en deux heures je te séduirai par les moyens qui leur plaisent à toutes, les sales, sales moyens, et tu tomberas en grand et imbécile amour, et ainsi vengerai-je les vieux et les laids, et tous les naïfs qui ne savent pas vous séduire, et tu partiras avec moi, extasiée et les yeux frits !"

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"Bonne odeur, ces oeufs au jambon. Trois petits amis. Voilà, lui aussi a son petit déjeuner, et plus copieux que celui des veinards. Oui, mais pour les veinards, ce repas matinal est un prélude à la vie de dehors, fournit des calories pour l'action parmi des semblables. Tandis que pour lui, c'est un but de vie un petit absolu, dix minutes de bonheur solitaire et pâteux. Il déplie le Temps, donne audience au dehors, tout en s'adonnant à la volupté triste de la nourriture. Il sait que dans un an, ou plus tard, ou plus tôt, ce sera le suicide, et pourtant il mange tranquillement ses croissants, avec beaucoup de beurre et de marmelade. Dommage qu'il n'y ait pas le pot d'origine de la marmelade, avec l'officier écossais de l'étiquette. C'est intéressant de regarder l'image de l'étiquette tout en mangeant, ça tient compagnie."

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"Allons, vite, lui parler, ne plus rester devant cette fenêtre. Mais de quoi lui parler, de quoi ? Ils s'étaient tout dit, ils savaient tout l'un de l'autre. Ô les découvertes des débuts. C'était parce qu'ils ne s'aimaient plus, diraient des idiots. Il les foudroya du regard. Pas vrai, ils s'aimaient, mais ils étaient tout le temps ensemble, seuls avec leur amour. Seuls, oui, seuls avec leur amour depuis trois mois, et rien que leur amour pour leur tenir compagnie, sans autre activité depuis trois mois que de se plaire l'un l'autre, n'ayant que leur amour pour les unir, ne pouvant parler que d'amour, ne pouvant faire que l'amour."

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Eglise romane

Publié dans vie quotidienne | |